Évolution des Mammites Cliniques en race Prim’holstein
Introduction
Les mammites cliniques constituent une des principales causes de pertes économiques en élevage laitier. Non seulement elles affectent la santé des animaux, mais elles ont également un impact direct sur la qualité du lait, la rentabilité des exploitations, et le bien-être des animaux. Comprendre les données associées à ces infections est essentiel pour adopter des stratégies efficaces de prévention et de gestion. Les indicateurs présentés ici proviennent d’une étude IDELE sur les mammites cliniques en race Prim’holstein.
Cet article propose une analyse sur l’évolution des mammites clinique de 2019 à 2023, pour 13 000 à 18 000 élevages en fonction des années.
Evolution du nombre de mammites cliniques au cours du temps
Année | Nombre de mammites cliniques | % vaches avec au moins 1 MACL/an |
2019 | 238 113 | 14,5 |
2020 | 205 854 | 13,4 |
2021 | 183 021 | 12,6 |
2022 | 173 216 | 12,6 |
2023 | 146 074 | 11,6 |
Répartition des mammites cliniques au cours des années
Ce graphique présente la répartition du pourcentage de vaches avec au moins une mammite clinique. Globalement, un pic de mammites est observé en période estivale et peut être assimilé à un artefact de période : en effet, c’est une période avec beaucoup de fins de lactations et donc un nombre réduit de vaches, cumulée à un plus faible nombre de contrôles (un seul sur tout l’été pour beaucoup d’élevages). De plus, des conditions climatiques plus extrêmes et donc difficilement supportables pour la vache peuvent aussi entrer en compte pour cette période. Concernant le pic de mars-avril 2020, nous pouvons faire le rapprochement avec une situation sanitaire qui était des plus compliquée sur tout le territoire français (1er confinement), impliquant une collecte de données pas forcément mensuelle, mais plutôt trimestrielle. Enfin, l’augmentation du nombre de mammites au cours de l’hiver peut être mise en rapport avec un problème dans l’environnement de la vache (gestion de la litière, espaces de repos trop petits, mauvaise ventilation du bâtiment, etc).
Pour compléter ces données temporelles, une analyse des évènements mammites a été effectuée en fonction du stade de lactation. Il en ressort que les vaches en début de lactation (entre 0 et 7 jours) peuvent présenter des risques élevés de mammites cliniques, pouvant être dues à des problèmes durant le tarissement de la vache ou au moment du vêlage (conditions de vêlage difficiles, œdème mammaire, etc), avec une proportion de 5% en 2023. Entre 8 et 99 jours, la forte proportion de mammites peut être expliquée par la présence du pic de lactation, induisant une forte mobilisation des réserves (bilan énergétique négatif), ce qui peut affaiblir la vache et ses défenses immunitaires. Les mammites cliniques apparaissant après 100 jours, peuvent être aussi dues à une forte production de lait par la vache ou à un environnement peu adapté par exemple. Ce fort pourcentage est aussi expliqué par la prise en compte d’une période plus longue que pour les deux premiers stades.
Répartition par rang de lactation
Ce graphique présente la répartition des mammites cliniques par rang de lactation.
Les multipares (principalement 2e et 3e lactation) présentent des risques plus élevés de développer une mammite clinique, en partie due à une production laitière plus importante que les primipares. A noter aussi que les vaches laitières ayant eu des épisodes de mammites deviennent moins efficaces dans le temps et sont souvent plus vite réformées par l’éleveur. C’est en partie cette réforme subie par l’éleveur, ainsi que le faible effectif de vaches en 5e lactation et plus (4 fois moins de VL qu’en 1ère lactation) qui peuvent expliquer le plus faible pourcentage de mammites au-delà de la 3e lactation.
Lien avec la Morphologie évaluée par PHF
Chez la Prim’holstein, plusieurs caractères morphologiques peuvent influencer la prédisposition à la mammite clinique. Ceux-ci incluent par exemple :
- La hauteur et les attaches de la mamelle : les vaches ayant une mamelle bien attachée et haute présentent souvent moins de mammites que celles ayant une mamelle volumineuse et sans attaches solides. En effet, les mamelles basses sont plus exposées aux salissures et aux traumatismes (chocs entre les pattes lors des déplacements), augmentant le risque de contamination bactérienne ;
- La longueur et le diamètre des trayons : des trayons courts ou trop fins peuvent impliquer des problèmes de traite et de vidange de la mamelle et sont donc propices au développement de pathogènes. De même, des trayons trop longs ou mal orientés peuvent favoriser les blessures et les problèmes d’hygiène de traite ;
- Le positionnement des trayons : les trayons idéalement centrés facilitent une bonne prise de la griffe de traite et minimisent les risques de contamination lors de la traite mécanique ;
- La solidité des ligaments suspenseurs : la force du ligament qui soutient la mamelle est cruciale pour prévenir un affaissement prématuré. La mamelle bien soutenue permet une traite optimale en évitant les traumatismes, et évite donc les mammites.
Ainsi, nos éleveurs ont à leur disposition des outils de sélection basés sur le pointage et les index morphologiques pour améliorer la résistance aux mammites.
La sélection d’animaux possédant des caractéristiques souhaitables, comme des mamelles bien attachées ou des trayons bien formés, peut réduire l’incidence des mammites dans le troupeau. Ces pratiques visent à combiner performance laitière et robustesse afin d’assurer une meilleure rentabilité et le bien-être des animaux.
Des corrélations génétiques, intéressantes pour un travail de sélection, ont ainsi été mises en évidence entre les mammites cliniques et plusieurs postes de morphologie, tels que l’état corporel de la vache, la distance plancher-jarret, l’équilibre de la mamelle ou encore l’attache avant. Ainsi, depuis plusieurs décennies, la sélection sur la qualité des mamelles a participé à l’amélioration de la résistance aux mammites. Cette sélection génétique s’est intensifiée depuis 2012 avec l’arrivée de l’index de résistance aux mammites cliniques.
Conclusion
Les mammites cliniques restent un défi majeur pour les éleveurs laitiers, mais les progrès réalisés dans la gestion de la maladie ou au niveau génétique sont significatifs pour la race Prim’holstein. La prévention des mammites cliniques repose sur une combinaison de pratiques d’hygiène rigoureuses, de suivi technologique et d’améliorations génétiques, tout en prenant en compte les aspects économiques et sanitaires.
Demandez conseil à votre technicien, il vous aidera à utiliser les résultats de cette étude et les données issues des pointages et des index pour sélectionner au mieux vos animaux.
Article précédent | |
Tester un accouplement, 2 méthodes grâce à 2 outils à votre disposition |