Les index génomiques 092 : une grande première

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Commentaires de Rémy Vermès sur l’indexation de juin pour les taureaux génomiques.

Ca y est, l’histoire est en marche avec cette première publication officielle par l’Institut de l’Elevage des index génomiques de 137 taureaux que les Entreprises de Sélection ont décidé de mettre sur le marché. Ces semences sont ou seront donc commercialisées, individuellement ou dans le cadre de « packs » de plusieurs taureaux.

La répartition du nombre de taureaux parEntreprise de Sélection est la suivante : 65 pour GDO, 42 pour Amélis,17 pour Créavia et 13 pour Dynamis. Ces chiffres, très variables, nereprésentent en aucun cas la qualité des catalogues mais sontrévélateurs de politiques d’entreprise différentes en matière degénomique.

La Génomique : une bonne tendance avant d’être une vérité

Rappel, la fiabilité de ces index est, en général, inférieure à celle des taureaux testés sur descendance : le CD varie entre 0,60 et 0,65 pour les critères de production et se situe autour de 0,60 pour les critères de morphologie. A comparer avec le CD minimum de 0,70 qui était la normalité jusqu’à présent pour les taureaux testés sur descendance. Et un CD plus faible, cela veut dire plus de risques de s’exposer à une mauvaise surprise.
Par contre, il atteint la valeur de 0,60 pour les critères fonctionnels, ce qui est un grand pas en particulier pour la fertilité.

Par ailleurs, il faut savoir que seuls 6 caractères de morphologie font aujourd’hui l’objet d’une évaluation génomique. Il manque donc des postes que nous pouvons qualifier d’importants tels que la profondeur du sillon, l’écart des trayons avant, l’inclinaison du bassin ou la position des membres vus de l’arrière. Ces valeurs, calculées dans les prochains mois, sont actuellement estimées pour permettre de calculer les index composites de morphologie et l’Isu. Ce qui permet de dégager des tendances mais pas de rentrer dans le détail.

Le taureau génomique se situe donc aujourd’hui entre un taureau de testage et un taureau testé sur descendance.

Nos recommandations : « Raison et diversité »

La technologie SAM, soumise sans aucun doute à un grand avenir, est aujourd’hui une technique toute jeune. Nous ne saurions trop vous conseiller d’être raisonnable dans son utilisation. Ainsi, il nous semble qu’un taux d’utilisation de 20 à 30 % des femelles inséminées soit une valeur convenable.
Bien sûr, ce taux dépend de nombreux facteurs, à commencer par votre tempérament. Etes-vous joueur ou préférez-vous maîtriser le maximum de paramètres quand vous utilisez un produit ? Le catalogue de votre CIA est-il suffisamment garni de taureaux fiables de qualité pour ne pas avoir recours massivement à cette alternative ? Quel est le tarif de ces doses ? Ne doivent-elles pas être moins chères que les doses de taureaux confirmés dont la qualité a été prouvée ?

Ensuite, même si le pedigree d’un taureau vous paraît particulièrement attrayant, tâchez de limiter son utilisation. C’est d’ailleurs dans cet esprit que les Entreprises de Sélection ont mis en place le système des packs de semences comportant 5 taureaux différents. Vous prendrez moins de risques au final que si vous utilisez un seul taureau, quand bien même il aurait une valeur génomique initiale supérieure.

Un tour d’horizon rapide
Tout d’abord, voici ce que nous donne la moyenne des principaux index de ces 137 taureaux :

Isu 

Inel 

Lait 

TP 

MO 

Cel 

Fer 

 152

27 

620 

+0,3 

+2,3 

+1,3 

+0,6 

Ces résultats sont encourageants et reflètent tout à fait les objectifs de sélection d’aujourd’hui : une progression mesurée en lait et TP mais surtout une évolution positive marquée des index fonctionnels tout en gardant un potentiel morphologique intéressant. Une utilisation uniquement en packs, répartissant les risques de chutes de certains taureaux (forcément inéluctables) aurait donc toutes les chances de donner des résultats positifs.

Mais, étant donné que certains taureaux seront vendus individuellement (et aussi que vous aurez envie de choisir vous-même quelques-uns d’entre eux), il nous a paru nécessaire de vous faire part de nos réflexions, non sur des taureaux en particulier, mais plutôt sur des origines paternelles ou des montages génétiques.

  • Avec 21 fils, Shottle est le plus représenté des pères à taureaux, devant Bolton (18), Roumare (10), Goldwyn (9), Toystory (8) et O-man (7). Du côté des grand-pères maternels, O-man apparaît 43 fois, Shottle 17 fois et Titanic 10 fois, la répartition des autres étant plus étalée.
  • Shottle présente sans doute la moyenne d’index de ses fils la plus intéressante, avec un parfait équilibre entre lait, morphologie et fonctionnels. Les combinaisons sont nombreuses à donner de bons résultats, par exemple avec Champion ou Ford en grand-père.
  • L’un des avantages de la Génomique étant d’accéder plus rapidement à des montages génétiques nouveaux, il paraît peu utile de vouloir utiliser des fils de O-man au moment où ses fils testés sur descendance sortent en masse dans les catalogues. Il est par contre très intéressant en tant que grand-père pour assurer des index fonctionnels corrects
  • Morphologie record et quantité de lait ne semblent pas faire bon ménage. C’est souvent le cas avec Goldwyn qui est le père de 5 des 8 meilleurs en index morphologique. Mais avec des index lait faibles, voire négatifs. C’est le cas aussi, mais à un degré moindre, avec Roumare. Il faudra donc choisir entre ces 2 critères, sauf exception (un Baxter x Shottle à 3,3 en MO et 1132 en lait).
  • Bolton x O-man semble être un montage approprié, O-man garantissant les fonctionnels et Bolton le lait et la morphologie.
  • Titanic en grand-père est efficace pour la conformation : des petit-fils aux 1ère et 4ème places en morphologie avec Roumare et Goldwyn en père. Par contre, il détériore souvent les aspects fonctionnels et quantité de lait
  • Même s’il est le père du n°1 en Isu (grâce aux fonctionnels, d’autant plus avec O-man en grand-père), Mascol se montre généralement trop décevant concernant l’index lait.
  • Les 4 fils de FBI sortent très haut en Isu mais, attention, sont tous très négatifs en vitesse de traite
  • Parmi les pères à taureaux français, Rotheneuf (sur Shottle ou O-man) pourrait concurrencer Roumare plus que prévu.